Bac (C.), Legendre (F.) et Thibault (F.). – Une reprise de la natalité française en trompe l'œil ? Recherches et Prévisions, seconde partie, num. 85, 2006, pp. 83–86.
Le chiffre des naissances en France métropolitaine, après avoir atteint un point bas de 711 000 en 1994, se situe à un niveau élevé depuis 2000, de presque 775 000 naissances par an. Comme le nombre de femmes fécondes diminue depuis le milieu des années 1990, un certain nombre de commentateurs ont pu parler d'une reprise de la natalité en France. L'analyse de ces chiffres bruts (nombre de naissances ou indicateur conjoncturel de fécondité) est cependant insuffisante pour établir un diagnostic correct dans la mesure où l'âge moyen à la maternité a connu des évolutions importantes au cours des trente dernières années (augmentation très vive dans les années 1980 et au début des années 1990 et ralentissement de cette progression à partir de 1995). La prise en compte de ces variations conduit à nuancer sensiblement le discours sur la reprise de la natalité : le niveau élevé des naissances doit d'abord être interprété comme un « retour à la normale », après une période transitoire de déficit de naissances qui avait comme origine le recul de l'âge à la maternité. Les comportements de fécondité présenteraient de fait une assez grande stabilité depuis la fin du baby boom. Pour illustrer ces propos, nous construisons un indicateur conjoncturel de fécondité corrigé des variations de l'âge moyen à la maternité. Les évolutions de cet indicateur ne permettent pas de véritablement parler, en France, d'une embellie de la fécondité puisqu'il fluctue autour d'une valeur centrale de l'ordre de deux enfants par femme. L'exception française en Europe doit donc être caractérisée en termes de maintien à un niveau relativement élevé de la fécondité et non en termes de « reprise de la fécondité ».